26 sept. 2007

Pascal Sevran, le nostalgique de l'Occupation



Pascal Sevran n'est finalement pas si âgé que cela. Il est même né après la seconde guerre mondiale, en octobre 1945. Dans ses écrits, il s'avoue pourtant nostalgique de la période de l'occupation. Quel vilain garnement! Ses professeurs d'histoire lui auront probablement passé sous silence les atrocités commises lors de la seconde guerre mondiale, il n'y a pas d'autre explication. Comment justifier sinon, ces dérapages constants, dont certains sont relevés dans l'ouvrage Pascal Sevran Le Maître Chanteur ?

EXTRAITS DU CHAPITRE 5 - CES BOUQUINS SIGNES SEVRAN :

Comment diable peut-on être né, après la Seconde guerre mondiale, dans une famille communiste qui plus est, avoir fréquenté autant d’artistes, autant de libre penseurs, avoir milité pour une France socialiste, faire partie des proches de Jack Lang et de Bertrand Delanoë, être séduit par les refrains engagés de Renaud et de Jean Ferrat… et éprouver cette fascination morbide pour les collaborationnistes, les antisémites notoires, ou repentis, et les xénophobes convaincus ?

« Paris était une fête en 1942, que l’avons-nous manquée[1] ! » s’extasie un Pascal Sevran plongé dans les carnets de la fille de Pierre Laval.
« Je n’irai pas, se gausse-t-il encore, sur la tombe du Maréchal Pétain la semaine prochaine à l’île d’Yeu. […] Dommage, cela m’aurait distrait de scandaliser les crétins en écrivant « Je suis allé visiter la tombe du Maréchal Pétain ». »
[2]
Une bien fine distraction, en effet ! Toute aussi délicate que cette soirée entre « amis » où « quelqu’un proposa de jouer au voyage à Weimar. Un succès fou ! Qui fait qui
[3] ? ».
Et Sevran de nous expliquer, excité par la fougue de ses jeunes invités - d’éminentes figures du milieu littéraire parisien - la distribution des rôles qu’ils allaient endosser.
Pour mémoire, cette bande de joyeux drilles fait ici référence à l’un des voyages organisés par la propagande nazie du ministre Goebbels, qui trimballa en Allemagne les écrivains antisémites Ramon Fernandez, Jacques Chardonne, Marcel Jouhandeau, Pierre Drieu La Rochelle, André Fraigneau, Abel Bonnard et Robert Brasillach
[4] pour célébrer la « renaissance intellectuelle » germanique…
De quoi, effectivement, nourrir des dîners hilarants. « Une soirée malicieuse » comme s’en réjouit Sevran tout en s’interrogeant sur les nœuds papillons de l’un de ses convives. Appartiennent-ils « à la collection privée de feu Alfred Fabre-Luce » ? Rappelons que cet écrivain, à l’origine homme de gauche, adhéra au fascisant Parti Populaire Français créé en 1936 par d’anciens communistes, auxquels se joindraient divers intellectuels dont Drieu La Rochelle et Bertrand de Jouvenel. Fabre-Luce devenant après-guerre, en 1951, le rédacteur en chef de Rivarol, journal d’extrême droite, aux tendances royalistes.


[1] Lentement place de l’église de Pascal Sevran, Albin Michel
[2] Des lendemains de fête, de Pascal Sevran, Albin Michel
[3] On dirait qu’il va neiger, de Pascal Sevran, Albin Michel
[4] Voir à ce sujet le documentaire Voyage d’automne de Claude Vajda (2002), d’après un ouvrage du même titre de François Dufay(Éditions PLON, 2000)

20 sept. 2007

Ce que Pascal Sevran écrit sur les chanteurs


Pascal Sevran est auteur, présentateur de télévision, et chanteur. Il a écrit des chansons pour Dalida, Mireille Mathieu, Frédéric François, Georgette Lemaire ou encore Dick Rivers. Il a chanté lui-même quelques uns de ses textes : Les petits français, C'est pas la javanaise, Elle danse techno ou Chanter comme des fous.

Pascal Sevran aime tellement la chanson française qu' il a consacré une partie de son inépuisable énergie à concocter des dictionnaires de la Chanson ou du Music-hall. Les lecteurs purent ainsi apprendre mille et une anecdotes savoureuses sur des chanteurs dont ils ignoraient l'existence comme Chantal Simon, Jacqueline Roland, Germaine Ricord, Michèle Matey, Les Koeurs ou Sonia Gary. Ils découvrirent aussi que les vedettes populaires font parfois des erreurs. Mais heureusement, Pascal Sevran est là pour prodiguer ses conseils et les sermoner lorsqu'ils chantent des inepties. Voici un choix des leçons du maître.

Ces quelques tirades bien senties prouvent la bienveillance, le respect, l'estime même, dont Sevran honore ses amis les chanteurs. Vous retrouverez une partie d'entre eux, commentée, dans le livre Pascal Sevran Le Maître Chanteur, L'homme à qui la chanson ne doit rien de Laurent Balandras, publié aux éditions Tournon.


Extraits du livre "Les Rigolos" de Pascal Sevran et Raymond Lavigne, publié chez Guy Authier en 1975 :

« Françoise Hardy : Femme du tronc. Travaille avec un filet. […] Elle n’est pas bête, pas aimable, et […] depuis quatre ans elle ne condescend à susurrer que dans les studios londoniens pour enregistrer en français des chansons auxquelles il n'est pas question de comprendre un mot. »

« Sheila : Casse des bonbons pour les mettre en tubes. Progrès oblige : Annie Chancel est passée, sans transition, des marchés de banlieue où elle vendait des bonbons, aux supermarchés à succursales multiples où, depuis treize ans, Claude Carrère lui fait vendre de la guimauve. »


Extraits du livre "Le Music-hall Français de Mayol à Julien Clerc" de Pascal Sevran, publié par Olivier Orban en 1978 :

« Je n’ai oublié personne si ce n’est volontairement. Ceux qui s’étonneront de ne pas trouver Sheila, par exemple, au tableau d’honneur des années 60-70 ne savent pas ce que music-hall veut dire. […] Elle figure seulement dans la rubrique : « à noter pour mémoire », que j’ai réservée à ceux qui n’appartiennent pas, pour différentes raisons, au music-hall français. »

« Philippe Clay doit son come-back à des refrains réactionnaires. Il s’est démodé en se faisant le héros racoleur d’idées usées. Il termine sa carrière sur les tréteaux du R.P.R. On espérait mieux pour lui. »

Jacques Dutronc : « Sur scène, sa décontraction lui tenait lieu de talent, usant de trucs grossiers, il racolait plus qu’il ne chantait. […] Jacques Dutronc s’essouffla. On ne « fait pas l’artiste » en dilettante, c’est un métier de coureur de fond ».

Nana Mouskouri : « Si malgré une totale absence de présence en scène elle réussit à s’attirer l’attention des amateurs de berceuses folkloriques, c’est sans doute que le charme éternel de la Grèce opère toujours. »

Pierre Perret : « Il gâche des rimes riches pour mettre en musique des plaisanteries grasses, il se penche plus volontiers sur l’eau de vaisselle que sur l’onde claire des rivières de son Tarn-et-Garonne natal ».


Extraits du "Dictionnaire de la chanson française" de Pascal Sevran, publié chez Michel Lafon/ Carrère en 1986 :

Alain Barrière : "De sa présentation scénique on ne peut pas dire grand chose. Elle est assez ordinaire. Seule marque notable de sa personalité : une voix un peu cassée qui fait merveille une fois par an dans les night-clubs des stations balnéaires"

Christophe : "Il semble avoir renoncé à ses ambitions de bluesman et se contente d'enregistrer chez lui quelques refrains faciles qu'il chante en murmurant"

Nicole Croisille : "Pour expliquer la curieuse carrière de Nicole Croisille, j'avais écrit quelque part qu'il lui manquait une légende. Elle fût fâchée."

Michel Delpech : "Il manque peut-être à ce jeune homme bien dans le système un peu de démesure et d'indignation."

Sacha Distel : "Il prétendait à l'héritage de Maurice Chevalier. L'heure est passée. Il n'a pas le talent du maître et son répertoire consternant de mièvrerie et de clichés ne fait que l'en éloigner."

Tino Rossi : « Il n’est pas d’autre exemple d’un artiste possédant aussi peu de dons et ayant réussi à s’attacher la ferveur des foules aussi constamment »

Sylvie Vartan : "Elle a eu 16 ans quand c'était à la mode d'avoir 16 ans, elle chantait mal quand c'était à la mode de chanter mal (...) non, il ne suffit pas de n'avoir aucun don pour devenir Sylvie Vartan."


Extrait du livre "Des lendemains de fêtes" de Pascal Sevran, paru chez Albin Michel en 2001 :

"Le joli Etienne Daho a le coeur triste, il se confie au Nouvel Observateur. C'est curieux ces chanteurs qui font carrière dans les journaux!"

"Six mille personnes seront donc venues m'entendre chanter. Enivrant! Impensable! "


Extrait de l'interview de Pascal Sevran à Nice-Matin/ Var-Matin du 2 décembre 2006

"Anaïs, Zazie, toutes ces filles ne représentent rien. Elles sont gentilles mais c’est tout".