2 oct. 2007

Dalida sous influences



On savait déjà que les titres interprétés par Dalida pouvaient subir de curieuses modifications. La publication du manuscrit orignal de Je préfère naturellement - unique chanson que lui écrivit Serge Gainsbourg en 1966 - reproduit et commenté dans Les manuscrits de Serge Gainsbourg (éditions Textuel 2006) en atteste. Aseptisé, ce texte qui devait son charme au second degré que Gainsbourg mania avec talent, devint inepte. La chanteuse Italo-Egyptienne ne manquait pourtant pas d'humour. Elle accepta, pour preuve, de figurer au générique de nombreux shows télés concoctés par Maritie et Gilbert Carpentier, les Rois de la variété télévisée des années septante, qu'il s'agissât d'affronter la démesure de Jacqueline Maillan, de se moquer d'elle-même avec Thierry Le Luron ou... de chanter avec Serge Gainsbourg une fantaisie anthropophagique.


Devenu producteur de sa soeur sous le nom de leur frère (oui, c'est assez compliqué mais Orlando est le vrai prénom du frère aîné de Dalida qui, elle, s'appelle en réalité Yolanda, et celui que l'on connaît sous le nom d'Orlando s'appelle réellement Bruno et est le dernier de la fratrie - allo le psy? ), Orlando-le-producteur, donc, sélectionne pour Dalida un répertoire qui confirme l'appétence familiale pour la gaudriole : Darladiladada, Jesus Bambino, Jesus Kitch ...etc.

L'arrivée de Pascal Sevran dans la sphère des auteurs maison remet en place le rimmel sur les paupières de la Diva et marque un coup d'essai phénoménal grâce au titre Il venait d'avoir 18 ans. Que s'est-il passé là? Sevran qui jusqu'ici n'avait écrit que de pitoyables chansonnettes aussi édifiantes que leurs titres le laisse entendre (Le soleil avait quitté la plage, Les petits Français, Pourquoi la pluie fait-elle pleurer les roses, Mon coeur de quoi as-tu rêvé... et l'on en passe) devient subitement l'auteur de stances aussi remarquables que "Il venait d'avoir 18 ans/ C'était le plus bel argument/ De sa victoire".
C'est sur le mystère d'un coup de maître - jamais réitéré - que s'arrête le chapitre 4 du livre Pascal Sevran Le Maître Chanteur dont voici quelques extraits :

(...)
C’est à cette époque, au début des années 70, que Dalida enregistre quelques succès du répertoire. Elle sublime Je suis malade de Serge Lama et Alice Dona, redonne une vie à J’attendrai que Rina Ketty avait popularisé en 1938, s’approprie Le petit Bonheur de Félix Leclerc, Avec le temps de Léo Ferré, sans oublier le vieux succès de Charles Trenet Que reste-t-il de nos amours.

Par quels errements se met-elle en tête de glisser, parmi ces classiques, des titres aussi niais que ceux de Sevran ?

« C’est la vie/ Mais la vie/ C’est aussi de l’amour/ C’est aussi notre amour/ Et l’espoir que ça dure… » (L’amour à la une - 1975)
« Chaque ride à mon cœur est une belle fleur d'amour/ Une amère conquête, un ancien mal de tête d'un rêve déçu/ Une vie partagée et vécue/ Entre des gens qui s'aiment et se tuent… » (Ma vie je la chante - 1974)
« Le temps s’en va/ Et quand on le voit/ Passer/ C’est trop tard pour l’arrêter… » (Mon petit bonhomme, 1975)

Quand il apporte à celle qu’il surnomme « maman » des chansons co-signées, elles ne sont pas de meilleure facture. C’est avec la collaboration de Claude Carmone et de Jean Giot que Sevran réadapte en français, en 1976, un ancien standard de Carlo Andrea Bixio,
Parlami d’amore Mariu (Parle moi d’amour mon amour). Étrange cette nouvelle adaptation ! quand on sait que sa première version, chantée par Lys Gauty, fit un triomphe en 1931, sous le titre Le chaland qui passe - ce que ne peut ignorer Sevran. Fallait-il donc trois plumes pour écrire cela : « Redis moi les mots de toujours/ Même si le monde a bien changé/ Ils ne sont pas si démodés/ Tant que le ciel existera/ On dira toujours ces mots-là… » ?
(...)

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